La Journée de l’Abeille a été très dense autour des thèmes du frelon asiatique, de la biodiversité et la responsabilité de l’apiculteur dans la gestion des intrants dans ses ruches.

Le matin, après  un hommage rendu à M. Campana disparu récemment, les avantages d’une adhésion et le bilan du fonctionnement GDSA21 ont été rappelés. Deux nouveaux TSA nous ont rejoint, M. Jemni Cathy et notre Président, Maxime Chevalier.

En fin de matinée, en présence du Président du GDSA de la Nièvre  M.Xavier Rouby et  Vincent Vanharen Président du GDSA du Doubs, et de M.Vincent Président de la Chambre d'Agriculture de la Cote d'Or, Michel Pechinot a fait un  compte-rendu du frelon asiatique sur 2021.

Les chiffres sont en hausses avec 62 nids signalés  pour 32 nids en 2019. Il a été colligé 122 appels au   06 46 65 13 46 et 40 nids ont été détruits. Il a été exposé le travail croissant de cette activité de régulation. En effet la diffusion en 2020 par affichage en Mairie à plutôt bien fonctionné. La saison estivale était calme avec un retard de croissance des nids. Mais à partir de mi -Octobre jusqu’ a fin Novembre, les appels se sont multiplies avec la même observation dans le reste de la France, avec notamment des attaques de ruches non protégées par des portes anti frelon en Novembre.   

Avec  bien peu de moyen Michel Pechinot dénonce cet amateurisme de bricolage qui ne va pas pouvoir durer longtemps pour cette gestion. Un des problèmes majeur c’est que nous sommes dans notre département à une période charnière entre une pression de frelon qui n’est pas encore suffisante pour générer des réactions politiques et surtout financières mais qui est pourtant dorénavant délétère sur de nombreux ruchers. Il rappelle malheureusement que dans les départements de la côte atlantique, les pouvoirs politiques ont réagit lorsque les dégâts ont dépassé le cadre de l’apiculture (nuisance sur les marchés poissonniers, les vergers etc)

Il  rappelle aussi la prise en charge mosaïque de la lutte sur le territoire français (GDSA, Fredon, communauté d’’agglomérations) avec autant de plans d’actions disparates  menés sans réflexions scientifiques  par des syndicats apicoles  interpellés par leurs adhérents excédés. Des plates-formes de signalement apparaissent sur le net mais là encore générées et entretenues  bénévolement et trop excentrées pour régler localement et efficacement la lutte sur le terrain..

La solution parfois envisagée d’une simple liste de désinsectiseurs façon pages jaune est une porte ouverte à toute sorte de dérives commerciales avec un fort impact sur la biodiversité.  Le filtrage et l’organisation  des demandes de destruction est impérative

 Plusieurs réunions en video conférence ont été organisées par le GDSA21 fin 2020 en réunissant les GDSA limitrophes. Mais elles non pas réussi à fédérer la lutte autour du Fredon Bourgogne Franche Comte,   par volonté de rester autonome ou ne se sentant pas encore concernés.

Face à ce pessimisme, un Plan d’action National semble se dessiner pour le printemps 2022 grâce à l’action notamment de la fédération  des GDS et de la FNOSAD. Etienne Calais, vétérinaire, Président du GDSA des Yvelines et membre de ces commissions nous donne dans cette conférence les grandes lignes de ce plan que je vous invite à visionner, reprisent récemment  dans  une intervention  lors de la  dernière Journée Technique Apicole de la FNOSAD ICI. ( en fin de lecture video)

 

Dans les grandes lignes, 3 objectifs.

  • Piégeage printanier, mais toujours controversé.
  • Destruction organisée  des nids
  • Protection des ruchers : muselières filets et piégeage de fin de saison , porte d’entrée anti frelon

Enfin se rappeler que le principal facteur de  variation du taux d’infestation dépend essentiellement de la méteo, faisant décrire cette pression  oscillatoire au fil des années. 

Concernant le piégeage printanier le Dr Calais rappelle :

  • Aucune étude scientifique rigoureuse n a montré l’intérêt du piégeage printanier. Une seule étude faite sur 4 ans  en association de l’ITSAP et du MNHM semble y être favorable au prix d’une campagne de piégeage irréaliste et des conclusions peu convaincantes (réel intérêt au bout de  3 ans voir 4 ans de piégeage )   A lire ici

Difficile de garder la tête froide et d’écouter les avis scientifiques face aux invectives des syndicats locaux et nationaux (UNAF et SNA). Cependant s’il vous semble opportun de piéger on peut retenir :

  • Comme tout piégeages, technique à réserver aux apiculteurs et dont les ruchers ont été attaqués l’année précédente
  • bannir les pièges bouteilles ou coupoles à guêpes trop peu sélectifs
  • A distance du rucher et plutôt près des anciens nids de l’année précédente près des sources mellifères précoces
  • Trou entrée 8 mm et trous de sorties 6mm/grille à reine
  • Mélange alcoolisé sirop -panaché – vin blanc ou rouge
  • En bois de préférence avec grille fine type mousseline métallique pour isolation de l’appât et tiroir
  • Durée de piégeage 2 mois au plus, Mars – Avril à moduler selon météo (cf cette année, par exemple plus tardif, mais plus précoce en 2020 ) après on capture des ouvrières et aucun intérêt.
  1. Pechinot revient sur la nécessité des portes d’entrée antifrelon dès la fin de saison : beaucoup d’apiculteurs se sont fait piller des ruches non protégées en quelques jours ces dernières semaines.

Apres avoir pris l’expérience du syndicat apicale de l’Abeille du Calvados (2000 nids en moyenne..) auprès de son Président Jean Marie Godier,  ce dernier insiste sur la bonne mise en place de ces portes dorénavant incontournables. Des échecs sont parfois constatés (« les frelons passent quand même »). Ce phénomène peut être rencontré avec de petites ouvrières (grandes variations de taille entre individus) avec des  plateaux Nicot installés sur des supports inadaptés qui permettent un léger voilage au centre laissant apparaitre un jour supplémentaire imperceptible de  0.5 mm permettant l’effraction du frelon. Ceux-ci sont également costauds et arrivent à plusieurs à soulever de qq dixièmes de mm une porte zinguée insuffisamment vissée. Enfin des morts de colonies sont rapportées par  la pose trop précoce empêchant les derniers males d’être évacués, et obstruant du coup totalement la porte d’entrée : il faut s’assurer du départ de tous les  males avant pose.

Pour terminer et  dans l’attente de ces consignes nationales, M. Pechinot annonce les grandes lignes d’action possible pour 2022 sur le plan local :

  • Demande d’une décision officielle de la part du préfet pour nommer un organisme responsable de la lutte du frelon : GDSA ? FREDON ? ou autre structure d’intercommunalité. En effet le GDSA par exemple est souvent inconnu des désinsectiseurs de meme par les maires de petites communes.
  • renouvellement de la campagne d’information auprès des mairies en février et medias.
  • Mise à jour des listes de désinsectiseurs en étant plus strict sur la charte. Résoudre le problème de la carence de cannes longues de 25m – 30 m (limitées le plus souvent à 15m) mais coûteuses et pas encore assez rentables pour eux (coût 3000 euros la canne)
  • Réfléchir sur du matériel de piégeage conseillé, ou acheté en commun. On aura peut-être des pistes plus ciblées avec le plan national car la pléthore de solutions (un api, une solution) montre que le piège idéal n’existe pas. On pourrait aussi proposer des cônes plastique de capture à monter soi-même sur une structure bois. Voir ici les principes.

L’après midi une conférence de M. Jérôme Carminati entomologiste, secrétaire de l'OPIE (Office pour les Insectes et leurs Environnements)  section Franche Comté nous a brossé l’immense palette des insectes pollinisateurs qui sont apparus depuis 120 millions d’année au Crétacé a l’arrivée des plantes à fleurs. Le respect de la biodiversité maintes fois répétée dans les médias et si souvent bafouée a été démontrée ainsi que le le  constat de la disparition des insectes dans le monde entier provoqué par l’action  humaine, directement ou indirectement.

Le plan pollinisateur est une avancée mais encore pas a la hauteur du problème. Consultez :

Plan pollinisateur national qui est lancé pour 2022

Revision de l arreté abeilles de 2003 et sa transformation par un nouvel artrte de nov 2021

Les imprécisions de cet arrêté par nos syndicats.  Car les articles ont parfois incompréhensibles en langage administratif…Notez que la vigne est exemptée. Quid des fleurs inter rang ou à la limite des parcelles ? Quid des phénomènes de guttation chez les graminées?

Consultation et remarques publiques à faire ici avant le 12 decembre!

Le label HVE , Haute Valeur Environnementale semble encore plus flou

Consultez ICI

 

En fin de journée, le Dr Labourdette nous rappelle de bien prendre en compte toutes les substances que nous introduisons dans les ruches et qui peuvent être nocives pour les abeilles ou pour les consommateurs. Cela concerne évidemment les traitements conventionnels ou bio  (devant posséder une AMM)  mais aussi des cires peu ou prou  contaminées (utiliser des cires d’opercules plus safe) mais aussi des colles ou des stabilisateurs comme dans des partitions « maisons » non approuvées d’usage alimentaire.

Il faut faire aussi attention à l’origine des produits de nourrissement notamment avec la vague des apports protéinés.

En conclusion une conduite de ses colonies de manière bio dans un milieu suffisamment riche pour survenir aux  besoins des ruches  et ceux de l’apiculteur, sans nourrissement et sans apport de cire (cadre à amorce-jambage) serait  un idéal à retrouver.cool